Vie et mort
Beauté et laideur
Ces concepts vont de pair et ne prennent de sens qu’en présence de
l’autre…
Comme vous
le savez peut-être, le frère de mon épouse est moine et enseigne dans un
monastère du Népal depuis quelques années déjà. Lors de notre dernier voyage en
Inde, il avait amené avec lui deux de ses élèves. L’un deux, Tsultrim, devait
se rendre à son village natal, Thulo Syafru, pour quelques jours. Il a
gentiment offert que je l’accompagne pour voir ce coin de pays. L’occasion
était très tentante mais angoissante à la fois parce que pour la première fois,
mon épouse ne m’accompagnerait pas. Or l’occasion était trop belle de visiter
l’arrière pays pour passer à côté.
Nous sommes
partie de bonne heure pour un parcours de 7 heures de route. Les premières deux
heures furent particulièrement pénibles pour les passagers. En effet, la route
est faite de zigzag digne d’une montagne russe, et le tiers des gens à bord ont
laissé leur petit déjeuner sur le parcours!
Le reste de
la route fut plus calme, et la vue était à couper le souffle. Il faut dire
qu’au Népal, on ne construit pas la route où l’on veut, mais où l’on peut. Donc
plus souvent qu’autrement à flanc de montagne. Étant près d’une fenêtre, je
voyais constamment le fond des ravins, le bus étant bien souvent à environs 1
mètre du gouffre. C’était une étrange sensation. Époustouflé par la vue, mais
bien conscient que ces images pourraient être les dernières que je verrais. Une
belle occasion d’apprivoiser la mort et d’apprécier chaque moment qui passe.
La région
fait partie du parc Lasang, une zone protégée par le gouvernement, un peu comme
nos parcs provinciaux. L’accès aux touristes est donc contrôlé et un droit de
passage est exigé. De plus, comme le parc est à la frontière avec le Tibet, on
croise de nombreux contrôles de police à proximité du parc. Il semblerait
qu’ils contrôlent l’immigration clandestine et la contrebande. Allez savoir…
Nous avons
pris une petite marche autour du village de Syafru Bensi, puis nous nous sommes
reposés un peu. Installé dans le creux de la vallée, le village en soit est
plutôt ordinaire mais les environs valent le déplacement. Entouré de montagnes,
deux rivières se rejoignent pour filer vers le sud, pour devenir le populaire
Gange une fois en Inde. Nous avons séjourné au Green hotel. Un endroit tout neuf (à peine 6 mois) et fort
sympathique tenu par un jeune couple très accueillant. La chambre est minimale
(pas de télé, de téléphone, de ventilation ni d’air climatisé) mais les lits
sont confortables et de ma chambre j’entendais la rivière, ce qui ajoutais au
charme de l’endroit.
Ce village
est en pleine transformation. En effet, le gouvernement chinois désire un accès
plus facile au Népal et à l’Inde et ils ont proposé au gouvernement du Népal de
construire une route reliant les deux pays. Le gouvernement népalais, faible et
en pleine crise, a donc accepté que les Chinois viennent sur leur territoire
pour construire cette route. Les habitants de la région, flairant la bonne
affaire, se bousculent à Syafru Bensi pour y construire des hôtels pour accueillir
les éventuels voyageurs de cette route.
L’endroit est
également reconnu comme le point de départ de plusieurs pistes de trekking.
Bien que ce soit la saison morte, j’ai quand même croisé quelques occidentaux,
venu pour la marche en montagne, donc deux suissesses. En ce qui me concerne,
je recherchais un parcours léger et les 3 heures de marche pour se rendre chez
les parents de Tsultrim me convenaient parfaitement.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire