mercredi, juin 09, 2010

Népal 2010 - Jour 16 : en route vers Syafru Bensi


Vie et mort
Beauté et laideur
Ces concepts vont de pair et ne prennent de sens qu’en présence de l’autre…

Comme vous le savez peut-être, le frère de mon épouse est moine et enseigne dans un monastère du Népal depuis quelques années déjà. Lors de notre dernier voyage en Inde, il avait amené avec lui deux de ses élèves. L’un deux, Tsultrim, devait se rendre à son village natal, Thulo Syafru, pour quelques jours. Il a gentiment offert que je l’accompagne pour voir ce coin de pays. L’occasion était très tentante mais angoissante à la fois parce que pour la première fois, mon épouse ne m’accompagnerait pas. Or l’occasion était trop belle de visiter l’arrière pays pour passer à côté.

Nous sommes partie de bonne heure pour un parcours de 7 heures de route. Les premières deux heures furent particulièrement pénibles pour les passagers. En effet, la route est faite de zigzag digne d’une montagne russe, et le tiers des gens à bord ont laissé leur petit déjeuner sur le parcours!

Le reste de la route fut plus calme, et la vue était à couper le souffle. Il faut dire qu’au Népal, on ne construit pas la route où l’on veut, mais où l’on peut. Donc plus souvent qu’autrement à flanc de montagne. Étant près d’une fenêtre, je voyais constamment le fond des ravins, le bus étant bien souvent à environs 1 mètre du gouffre. C’était une étrange sensation. Époustouflé par la vue, mais bien conscient que ces images pourraient être les dernières que je verrais. Une belle occasion d’apprivoiser la mort et d’apprécier chaque moment qui passe.

La région fait partie du parc Lasang, une zone protégée par le gouvernement, un peu comme nos parcs provinciaux. L’accès aux touristes est donc contrôlé et un droit de passage est exigé. De plus, comme le parc est à la frontière avec le Tibet, on croise de nombreux contrôles de police à proximité du parc. Il semblerait qu’ils contrôlent l’immigration clandestine et la contrebande. Allez savoir…

Nous avons pris une petite marche autour du village de Syafru Bensi, puis nous nous sommes reposés un peu. Installé dans le creux de la vallée, le village en soit est plutôt ordinaire mais les environs valent le déplacement. Entouré de montagnes, deux rivières se rejoignent pour filer vers le sud, pour devenir le populaire Gange une fois en Inde. Nous avons séjourné au Green hotel. Un endroit tout neuf (à peine 6 mois) et fort sympathique tenu par un jeune couple très accueillant. La chambre est minimale (pas de télé, de téléphone, de ventilation ni d’air climatisé) mais les lits sont confortables et de ma chambre j’entendais la rivière, ce qui ajoutais au charme de l’endroit.

Ce village est en pleine transformation. En effet, le gouvernement chinois désire un accès plus facile au Népal et à l’Inde et ils ont proposé au gouvernement du Népal de construire une route reliant les deux pays. Le gouvernement népalais, faible et en pleine crise, a donc accepté que les Chinois viennent sur leur territoire pour construire cette route. Les habitants de la région, flairant la bonne affaire, se bousculent à Syafru Bensi pour y construire des hôtels pour accueillir les éventuels voyageurs de cette route.

L’endroit est également reconnu comme le point de départ de plusieurs pistes de trekking. Bien que ce soit la saison morte, j’ai quand même croisé quelques occidentaux, venu pour la marche en montagne, donc deux suissesses. En ce qui me concerne, je recherchais un parcours léger et les 3 heures de marche pour se rendre chez les parents de Tsultrim me convenaient parfaitement.

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