mercredi, décembre 28, 2005

Le Sexe et l’Inde

Si j’étais un moine, je crois que j’aimerais vivre en Inde. Bien sûr le pays est le berceau de plusieurs grandes religions et possède un incroyable patrimoine religieux. Mais aussi parce que la sexualité y est beaucoup moins omniprésente qu’en occident.

Quand vous vous promenez dans les rues, le sexe ne vous envahit pas comme dans les villes occidentales. D’abord les publicités sont beaucoup moins aguichantes. Bien sûr qu’on y montre de jolies femmes (très jolies même!) mais l’accent sera plutôt mis sur son sourire plutôt que sur son corps. De plus, les bars de danseuses, sex-shops et autres sont pratiquement absents du paysage indien.

Ensuite, l’intimité prend une autre forme. En Inde, comme dans la plupart des pays asiatiques et africains, les couples ne s’affichent pas en public. De façon simple, tout geste d’affection envers votre conjoint, de la poignée de main au bécotage sur les bancs publics, sera perçu comme de l’exhibitionnisme. Rien de moins.

Ce que vous verrez donc dans la rue, ce sont les copains de même sexe qui se tiendront par la main. Copain, et non pas conjoint, car l’homosexualité est absente ici... du moins un sujet tabou. Étrangement, les Indiens ont quand même leur lot de travestis, qui semblent tolérés.

Le cinéma indien mise également sur la sensualité plutôt que la sexualité. Bref, on laisse encore beaucoup de place au non-dit plutôt qu’à l’explicite.

Donc, si j’étais un moine, mon vœu de chasteté serait plus facile à réaliser en Inde. ;-)

Les dîners de sacoches

Lors de notre arrivée chez les parents de Dickey, j’ai découvert un étrange rituel. Au Québec, lorsqu’un groupe de filles décide de faire une sortie sans leurs conjoints, elles parlent souvent de « dîner de sacoche » (sac à main). Et bien, je vais vous décrire l’équivalent tibétain. (Sans rancune mesdames!) ;-)

Dans les jours qui ont suivi notre arrivée dans le village de mes beaux-parents, les femmes du village se succédaient en groupe de 4-5 afin d’avoir enfin des nouvelles de celle qui s’était absentée pendant 5 ans.

Ce qui était frappant dans ces visites, c’est le déroulement presque identique de chacune d’elle, tel un rituel ancien. D’abord, chaque dame arrivait avec son thermos de thé, une douzaine d’œufs et des biscuits. Les tasses étaient remplies, les biscuits distribués pendant que l’on échangeait les dernières nouvelles… des 5 dernières années!

Après un échange d’environs 1 heure, les femmes se préparaient à partir et en guise de remerciement nous leur remettions du beurre et des feuilles de thé, afin qu’elle puisse en refaire. Environs 20 minutes après leurs départs, un autre groupe arrivait et le rituel recommençait.

Ce fut ainsi pendant 2-3 jours. Je ne suis beaucoup amusé pendant ces échanges, qui m’ont permis de me familiariser avec les coutumes tibétaines, en plus de pouvoir rencontrer la moitié du village en quelques jours seulement!

Voici quelques anecdotes relativement à ces rencontres.

D’abord, la spontanéité des visites. Contrairement à ici, il est parfaitement normal de se pointer chez un ami à tout moment. Comme on risque de déranger un peu lors d’une visite impromptue, personne ne sera offusqué si vous continuez vos besognes quotidiennes pendant que les visiteurs sont là. Par contre, vous serez tenu de s’assurez que vos visiteurs ne manquent de rien. Vous leur offrez à boire et à manger, et ce même s’ils refusent.

Parlant de boire, tous les occidentaux se font prendre à ce jeu. Pour les Tibétains, une tasse doit toujours être pleine afin de montrer que l’hôte n’en a pas manqué. À l’inverse, la politesse occidentale veut que nous vidions notre tasse pour montrer que l’invité a apprécié. Ceci crée une situation assez cocasse. On rempli votre tasse, vous la videz. On la rempli de nouveau, vous êtes bon joueur et vous la videz de nouveau (plus lentement cette fois). On veut la remplir encore, vous avez beau expliquer en long et en large que vous n’avez plus soif, rien n’y fait, on la remplit encore. Vous sentant coupable de gaspiller, vous tentez tant bien que mal d’en prendre encore un peu plus. Vous êtes fier d’avoir pu en boire la moitié lorsque « oh non! » on tente encore une fois de remplir votre tasse!!! Si vous la laissez là, vous avez enfin compris votre leçon d’étiquette tibétaine 101! :-)