lundi, mars 06, 2006

Mon "baptême"

Pour ceux qui se demande à quoi rime le nom de mon blog, il s'agit de mon nom tibétain. Les événements qui ont entouré ce "baptème" fut sans aucun doute un des moments marquant de mon voyage.

Avant de vous raconter l’événement, une petite mise en contexte. Lors de la naissance d’un enfant, un nom lui est immédiatement donné par ses parents. Ce sera un nom tout simple, comme « soleil » (Gnima), « lune » (Dawa) ou « étoile » (Kharma). Après quelques années, la famille tentera d’entrer en contact avec un Rinpotché qui donnera à l’enfant son « vrai » nom, celui qu’il portera pour la vie. Pour en savoir plus sur les Rinpotché, lisez mon article du 11 novembre 2005.

De retour à mon histoire. J’étais au village de mes parents depuis environs une semaine et personne ne parvenait à prononcer mon nom correctement. Les Tibétains maîtrisent mal les « R » (comme la majorité des asiatiques!) et un nom comme Christian Fortier n’avait rien pour les aider. J’avais demandé à mon beau-frère moine et à mon beau-père de me trouver un nom tibétain. Les deux semblaient hésiter à le faire… je ne saurai jamais pourquoi. Bref mon « tcho-tcho » (grand frère en tibétain) avait un ami qui était assistant d’un Rinpotché et nous avions une permission d’aller le visiter.

Arrivé au monastère, nous avons commencé par prendre le thé avec l’ami de tcho-tcho, puis au bout d’un moment il nous a invité à rencontrer Ling-Rinpotché (voir La visite de Rinpotché, 11 novembre 2005).

Arrivé dans la salle, nous avons procédé au protocole d’usage, puis nous avons discuté un peu avec Rinpotché. Il m’a d’abord demandé mon nom, je me suis présenté, en lui disant que mon nom n’était pas approprié et qu’il me fallait un nom tibétain. Il m’a dit qu’il y penserait et qu’il me reviendrait là-dessus. Nous avons ensuite échangé un peu. Comme je l’ai décris dans une autre chronique, ce fut un moment extraordinaire auprès de ce grand sage… d’à peine 20 ans! Malgré son humilité et sa candeur, c’est toujours un peu intimidant. Après notre échange, je croyais bien qu’il avait remis à plus tard l’attribution de mon nom pour se débarrasser de moi poliment. C’était bien mal connaître les moines tibétains!

Le soir, tcho-tcho reçoit un appel. Il vient ensuite me voir et m’annonce que Rinpotché m’a donné un nom tibétain.

  • Fantastique! Qu’est-ce que c’est?
  • Yunten Giatzo!
  • Yunten quoi?!?
  • Yunten Giatzo. Comment trouves-tu?
  • Ben c’est super… si je parviens à le prononcer correctement. Ça veut dire quoi au juste?
  • Océan de connaissances
  • Wow! Je crois que je vais faire un effort pour l’apprendre…

Si j’ai eu besoin d’un peu de pratique pour le prononcer correctement, mon nouveau nom s’est tout de suite imposé auprès de ma famille et du reste de la communauté. En fait, c’est ce nom qui était sur mon invitation de mariage, et tout le monde à Mundgod me connaît uniquement sous ce nom.

La noce tibétaine, 1ère partie

J’ai profité de mon voyage en Inde pour épouser la femme que j’aime.

Le mariage tibétain est bien différent d’ici. D’abord, la tradition des mariages arrangés, bien que beaucoup moins présente qu’avant, laisse encore des traces. En effet, si le mariage occidental est d’abord l’initiative des mariés, les mariages tibétains sont plutôt pris en charge par les familles des mariés. Ce petit détail change beaucoup de choses, notamment que les mariés n’ont presque rien à s’occuper!

En effet, la cérémonie elle-même laisse peu de place aux mariés pour s’exprimer. En effet, la veille de la célébration, je commençais à être nerveux. Mon épouse et n’avions rien pratiqué avant la célébration.

Je demandais à mon épouse :

  • Qu’est-ce que je vais avoir à dire durant la célébration?
  • Rien
  • Rien?
  • Ben non rien. Ne t’inquiète pas, tout va bien aller.
  • Mais, je ne sais même pas dire « oui je le veux » en tibétain!!! (léger sentiment de panique)
  • Fais-moi confiance veux-tu?
  • Ok… (léger sentiment de scepticisme…) :-)

Bref, la cérémonie se déroule à peu près comme suit : les mariés sont assis côte à côte, avec leur familles immédiates assis tout près. Les invités se succèdent à tour de rôle et remettent cadeaux et katas (les foulards de soie). Pendant que les invités défilent, le maître de cérémonie récite un texte présentant les mariés et leurs familles tandis qu’un groupe de dames récitent des chants traditionnels. Voilà pour la cérémonie. Pas de prière, de bénédiction, de « je le veux » et tout le tralala. Assez curieux dans une culture où la religion joue un aussi grand rôle de constater que le mariage est tout ce qu’il y a de plus civil, sans aucune connotation religieuse.

Après la cérémonie, tout le monde se retrouve dans la grande salle pour manger, boire, discuter, jouer et danser, exactement comme ici.

Prochaine chronique, je vous raconte un peu plus les célébrations suivant la cérémonie.