mercredi, octobre 31, 2007

Mon couple est un accommodement raisonnable (5e partie)

Je discutais cette semaine avec des collègues de travail sur ce qui ressort de la Commission. S’ils étaient d’accord pour dénoncer le discours xénophobe trop souvent entendu, ils ont quand même exprimé quelques inquiétudes face à leurs traditions de plus en plus vacillantes.

J’ai une collègue en particulier qui affichait une réelle inquiétude de perdre ses traditions. J’ai tenté tant bien que mal de lui faire comprendre que les autres religions avaient peu à voir avec le déclin de nos traditions, mais je ne l’ai pas vraiment convaincu (il faut avouer que mon argumentaire était pauvre…). Mais j’ai continué de réfléchir à tout ça parce que malgré tout, elle n’a pas tout à fait tort.

On constate effectivement un lent déclin de plusieurs des traditions québécoises. Sauf qu’en regardant ça de plus près, on réalise rapidement que la plupart de nos grandes fêtes étaient religieuses. Alors quand on a jeté par-dessus bord la religion catholique lors de la révolution tranquille, on a créé des coquilles vides. On a bien gardé quelques symboles : les cadeaux de Noël, les cocos de Pâques, etc. Mais sans la signification religieuse derrière, ça goûte le Coke Diète…

Quels sont les alternatives?

Première option : revenir au sens premier de ces Fêtes. On remplit les églises le 24 décembre et le dimanche de Pâques. Ça ne vous enthousiasme pas? Ça tombe bien moi non plus!

Deuxième option : on balance ça et on crée de nouvelles fêtes civiles, aux mêmes dates pour ne pas trop compliquer l’affaire. On a déjà la St-Jean-Baptiste et le jour de la confédération (fêtes nationales), l’action de grâce et l’halloween (fêtes païennes). On pourrait remplacer Noël par la fête du partage et Pâques par une fête célébrant la vie, en lien avec le printemps. Je monte de toute pièce une nouvelle tradition, avec des rites différents, à notre image.

Troisième option : on s’ouvre sur le monde, on sacrifie 1-2 fêtes chrétiennes et on les remplace par des fêtes venant d’autres religions: juive, musulmane, hindou, peu importe. Ça nous permettrait de découvrir ce qui se fait d’intéressant et de prendre contact avec d'autres cultures, d'autres traditions.

J’aimerais bien avoir votre opinion là-dessus! Comment voyez-vous ça?

Mon couple est un accommodement raisonnable (4e partie)

Quand j’étais au collège, le directeur avait conclu nos deux années de durs labeurs par une phrase toute simple mais lourde de sens : on craint ce qu’on ne connaît pas. Par cette phrase, il voulait nous inciter à aller au-delà de nos préjugés et des stéréotypes afin de comprendre le monde dans lequel on vit. Cette phrase prend tout son sens dans le contexte actuel québécois.

Afin de combattre ses préjugés, les Québécois devraient d’abord se regarder à se définir en tant que peuple. Car qui sommes-nous vraiment, à par le fait que nous sommes la plus grande communauté francophone d’Amérique? On aime se définir comme un peuple chaleureux, accueillant, ouvert d’esprit et innovateur… Quand j’entends ce qui se dit à la Commission, quand j’entends le niveau de langage de mes amis pure laine, je commence à douter de tout ça…

Avant de dire aux autres que « nous on n'est pas de même », pouvons-nous dire aux nouveaux arrivants qui nous sommes? Quand notre identité sera claire pour nous, elle devrait l’être pour les autres qui nous côtoie… en attendant qu’ils s’intègrent.

Cela dit, un premier constat est déjà en train d’émerger de la commission Bouchard-Taylor : les Québécois sont un peuple beaucoup moins homogène que l’on aurait pu penser. L’autre constat, c’est que notre rapport avec la religion en général et catholique en particulier est encore flou.

Quand les Québécois sauront qui ils sont et les valeurs qu’ils chérissent, leur seconde quête de connaissance sera celle des « nouveaux membres de la famille québécoise ». Ceux-ci arrivent maintenant de partout dans le monde, avec différentes connaissances, compétences mais surtout différentes valeurs. Leurs valeurs sont plus souvent complémentaires que contradictoires avec les nôtres.

En allant au-delà des gestes, nous comprendrons quelles sont leurs motivations, qui bien souvent sont proches des nôtres. En effet, les êtres humains aspirent tous à une forme assez semblable du bonheur : un toit et à manger pour leur famille, une occupation valorisante qui fait progresser la société, donner un sens à sa vie et au-delà. C’est les moyens pour parvenir à ce bonheur qui varie tant d’un peuple à l’autre. Sommes-nous obligés de tous suivre la même voie?

Pour terminer cet article sur la compréhension de l’autre, je vous invite à lire l’éditorial d’André Pratte sur un forum de la communauté musulmane de Montréal.

mardi, octobre 30, 2007

La mauvaise cible

Bon là je voudrais régler un truc avec mes frères et mes sœurs québécois. Depuis le début de la commission Bouchard-Taylor le port du voile et de ses déclinaisons refait constamment surface. Personnellement, je n’ai pas encore d’opinion tranchée là-dessus, je n’en croise pas suffisamment à Québec pour dire que ça me dérange. Quoique la journée où je vais croiser une femme avec une burqa, je vais peut-être changer d’avis.

Ce qui me dérange le plus en fait, c’est qu’on s’acharne sur ces femmes. Or, pourquoi les Québécois s’offusquent tant de ce symbole religieux? Parce que selon eux le voile représente un symbole de soumission de la femme. Bien si les femmes n’ont pas le choix de le porter, pourquoi demande-t-on à elles de le retirer? Laissez les femmes voilées tranquilles!!! Si vous tenez vraiment à leur parler de leur voile, demandez-leur en toute candeur pourquoi elle le porte, que ça vous désole de les voir porter ça et demandez-leurs s’il y a quoi ce que soit que vous pourriez faire pour améliorer leur condition. Si elles répondent non, passez votre chemin.

Viser la bonne cible, ceux qui les poussent à le portez. Allez voir leurs maris et les imams pour qu’ils cessent leur pression auprès de leurs femmes. Vous pouvez faire ça pour moi?

En passant, ce n’est pas seulement un changement de comportement que vous demandez, mais un changement d’attitude et ça, c’est généralement un peu plus long à obtenir. Parlez-en à la SAAQ qui essaie de vous faire ralentir depuis plus de 20 ans…

Mes 15 minutes de gloire

Dimanche dernier lors de l’émission Les coulisses du pouvoir à Radio-Canada, un extrait de mon blogue a été présenté! J’ai réalisé ça le lendemain en consultant mes statistiques de fréquentation. Je n’ai pas dormi de la nuit!

Bien sûr qu’avec mon blogue je fais mon chroniqueur du dimanche car c’est une vitrine gratuite qui offre une visibilité sans égal (quand les gens vous trouvent!).

Or quand un média traditionnel fait une référence à son travail, ça donne un certain mérite à ce que l'on fait. Et quelle motivation!!!

Suite au reportage près d’une quarantaine de personnes sont venues me voir. Merci à tous, j’espère que certains d’entre vous resterez au poste.

Pour voir le reportage : http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/coulisses_du_pouvoir/ (La vidéo sera disponible jusqu'à la fin décembre)

lundi, octobre 29, 2007

Mon couple est un accommodement raisonnable (3e partie)

Le principal grief des immigrants quand ils arrivent ici, c’est la difficulté de se trouver un emploi à la mesure de leur talent et de leur compétence. Apprendre le français n’est pas un problème pour la plupart d’entre eux, il faut simplement leur donner le temps et une motivation pour le faire.

Quand mon épouse est arrivée à Québec il y 7 ans, elle ne parlait pas un traître mot de français. Elle maitrisait déjà trois langues, avait un bacc en poche et occupait déjà un emploi fort stimulant. Or il aurait fallu qu’elle parle un français impeccable après 6 mois? Désolé, mais la moitié des ingénieurs québécois ne sont même pas capable de faire deux phrases de suite sans faire une faute (c’est une image bien sûr! Je n’ai pas encore terminé de corriger leurs examens de français hahaha!!!). Même moi j’en échappe régulièrement dans ce blogue alors que je passe la moitié de mes journées à rédiger (l’autre moitié à lire…). :-)

Elle a dû bosser très dur pour parvenir à maîtriser cette bête qu’est le français, mais c’est finalement un employeur anglophone qui a été le premier à reconnaître ses capacités et à lui offrir un emploi potable (soupir...). Pourtant, voilà bien des années que nos conversations se font entièrement en français.

À mon avis les cours de francisation devraient se donner en milieu de travail. Pourquoi ne pas reprendre la formule si populaire dans les écoles, les programmes sports-études et toutes ses variantes? Les ateliers de conversation pourraient même être donnés par les collègues de travail sur l’heure du midi? Bon le français appris ne serait pas impeccable mais en termes d’intégration ça serait difficile à battre non?

Bien sûr ça ne règle pas tout. Ceux qui restent à la maison (principalement les femmes), ont peu d'occasion de contact extérieur et parle fait même peu de chance de pratiquer le français. Et elles sont souvent désemparée devant les devoirs des enfants...

Bon je me suis un peu éloigné un peu de mon sujet là… Mon Dieu, c’est une vraie auto-commission que je me suis mis sur pied.

Je crois que je n'ai pas encore épuisé ce sujet… Tanné de m'entendre racoler là-dessus?

mercredi, octobre 24, 2007

Mon couple est un accommodement raisonnable (2e partie)

Un de mes petits plaisirs de la vie, c’est quand je vois mon épouse d’origine tibétaine discuter en français avec une amie coréenne. Les deux ont immigrés ici durant leur vingtaine, elles n’ont même pas été soumises à la loi 101!

Quand je vois ça, je me dis que l’intégration de nos immigrants ne doit pas être si pire que ça!

Avouez que ça fait un petit velours…

Restez branché, je n'ai pas encore fini ma crise! :-)

Mon couple est un accommodement raisonnable (1ère partie)

Depuis plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois, le Québec remet en question sa façon d’intégrer les immigrants et par le fait même, se remet en question en tant que société. Étant marié à une immigrante, il est évident que je me sens très interpellé par ce débat. Voici donc mes réflexions sur le sujet. Étant donné la longueur du texte que je suis en train d’écrire, je vais le publier en plusieurs parties…

Au départ, je suis très content qu'on ait ce débat. Je pourrais contester la manière mais à la base, il est bien de se remettre en question. Depuis la révolution tranquille, les Québécois ont rejeté massivement la religion catholique pour devenir une société laïque, presque athée. En effet, plusieurs Québécois en sont venu à la conclusion que les abus qui ont été commis par le clergé ici sont le lot de toutes les religions et que celles-ci sont forcément mauvaises.

Depuis quelques années, les immigrants ne viennent plus seulement d’Europe mais beaucoup du Nord de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie. Ces immigrants ont non seulement une religion différente de celle des Québécois mais un niveau de ferveur pas mal plus élevé.

À mon avis, ce n’est pas tant la différence de religion que ce niveau de ferveur qui agace le plus les Québécois. En effet, demander à un musulman ou à un sikh d’arrêter d’être religieux en sortant de leur maison c’est aussi simple que d’essayer d’enlever le lait d’un café au lait. La religion les imprègne, fait partie d’eux-mêmes. Ils ne se contentent pas d’aller à la messe une heure le dimanche.

J’aimerais faire un parallèle avec l’Inde. Ce pays est habité de gens de confession fort différentes : hindous, musulmans, bouddhistes, sikhs et j’en passe. Vous dire qu’il n’y a jamais de tensions entre les différentes factions serait mentir. Or ce qui permet à tout ces gens-là de cohabiter relativement en paix c’est qu’à la base tout le monde est religieux. On peut remettre en cause les valeurs ou les rites d’une religion mais jamais le principe qu’une personne puisse pratiquer une religion.

Donc le vrai débat est comment accepter que des gens soient fervents alors que la plupart des Québécois se foutent de la religion. Quand nous aurons répondu à cette question le débat sur les accommodements raisonnables prendra tout son sens.

lundi, octobre 15, 2007

Un petit geste pour Dame nature

En lisant le blogue de mon ami Patrick Matte, j'ai appris que la blogosphère organise aujourd'hui une journée de sensibilisation sur l'environnement.

Bon je ne pensais pas nécessairement écrire un long article là-dessus mais il se trouve que je fais présentement une étude pour l'Agence de l'efficacité énergétique et que j'ai visité pas mal de sites intéressants sur l'environnement en général et l'efficacité énergétique en particulier.

Je vous invite donc à prendre quelques minutes pour visiter ces sites :

  • Tester votre empreinte écologique. Mon coup de coeur! Ce site de la WWF Belgique vous invite à calculer le nombre d'hectare que vous avez besoin pour combler votre demande d'énergie, puis vous invite à prendre quelques résolutions parmi une quinzaine afin de réduire votre impact environnemental. Un must!
  • L'Office de l'efficacité énergétique (Gouvernement du Canada) Une tonne d'information et de nombreux conseils pratiques
  • Équiterre, qui propose notamment une section sur le transport écoénergétique et l'efficacité énergétique.

Bonne lecture!

samedi, octobre 13, 2007

La leçon d'humilité...

J'espère que vous avez passé un bel été. Comme vous avez pu le constater je ne me suis pas du tout ennuyé, pas même eu le temps d'écrire dans mon blogue!

En fait, ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé. Il est vrai que ma plume s'est faite plus paresseuse cet été, mais cela n'explique pas tout.

D'une part, l'actualité de l'été ne m'a pas inspiré du tout. Même si j'avais eu beaucoup de temps libre, j'aurais eu bien du mal à remplir les pages de ce carnet virtuel dans les derniers mois.

D'autre part, j'ai fait la découverte d'un outil fantastique au début de l'été : Google analytics. Cet outil permet d'obtenir des statistiques de fréquentions de son site, présentées d'une manière très efficace. J'ai donc décidé de l'installer sur mon blogue, question d'avoir une idée de mon lectorat... pour me rendre compte qu'il est pratiquement inexistant! Bien sûr, je ne m'attendais pas à 100 visiteurs par jour, mais quand même. Ça m'a refroidi un peu, disons.

Mon ego en a pris pour son rhume, mais j'ai pris la décision de persévérer. Ce blogue, je me fais pour le plaisir, parce que je veux améliorer mon style " éditorial " et que c'est la meilleure vitrine (pour ne pas dire la seule) qui me soit disponible. Alors si mes textes contribuent à la réflexion d'une seule personne par année, c'est déjà une victoire pour moi.

Or je viens de me rendre compte ce matin que le code pour obtenir les statistiques était disparu... Depuis combien de temps, je ne sais. En espérant que l'absence de visiteurs dans mes statistiques étaient du à un problème technique et non à mon insignifiance...

vendredi, octobre 12, 2007

Du lock-out du Journal de Québec au Tibet.

J'espère avoir attiré votre attention avec titre accrocheur! Voila bien longtemps que je n'ai pas écrit sur ce blogue, j'expliquerai bientôt pourquoi.

Bref, je lisais récemment le MédiaMatin Québec (MMQ), le journal fait par les employés en lockout du Journal de Québec (voir mon billet du 26 avril 2007). Dans chaque édition de ce journal le syndicat se garde une page pour s'adresser à la population. Dernièrement le MMQ présentait des extraits de lettres d'encouragement reçus de ces lecteurs.

Soudain, une petite phrase anodine a suscité en moi une profonde réflexion. Le lecteur les félicitait pour leur résistance pacifique au conflit. Immédiatement le mot résistance pacifique m'a rappelé la résistance des Tibétains, elle aussi pacifique. Deux causes bien différentes, des enjeux sans comparaisons, mais une même approche pour résoudre le problème.

En regardant les deux conflits, j'en viens malheureusement à la conclusion que le succès de ce type de résistance est pour le moins mitigé, pour ne pas dire un échec total. À mon avis, le problème n'est pas dans l'approche, mais dans le manque d'appui de la population.

Bien sûr, tout le monde est d'accord sur le principe. Allez lâchez pas, on est avec vous! Or au-delà du support moral, on ne fait rien de concret pour appuyer les groupes qui s'engagent dans la résistance pacifique. Pourtant, pour que cette méthode ait du succès, il faut que la majorité se rallie afin de faire pression sur l'oppresseur pour qu'il change ses méthodes.

On ramasse le MMQ en se rendant au travail, mais on écoute TVA pour les nouvelles du soir, par câble avec Vidéotron…

On louange le Dalaï Lama, on lui donne le prix Nobel de la paix, mais on fait des pieds et des mains pour accentuer les accords commerciaux avec la Chine…

Ne sommes-nous pas un peu hypocrite dans nos agissements ou est-ce le cynisme qui me gagne?