Depuis l’annonce par le ministre Drainville sur son projet de charte des valeurs québécoises, je suis très préoccupé et troublé par la tournure du débat.
D’abord, une brève mise en contexte. Mon épouse est d’origine tibétaine et j’ai des collègues de travail de plusieurs origines ethniques, dont plusieurs Arabes. Personnellement, dans mon quotidien, je ne vois pas de problème et je ne comprends pas la pertinence de la démarche.
Voici quand même mes réflexions des dernières semaines à ce sujet.
D’abord, une brève mise en contexte. Mon épouse est d’origine tibétaine et j’ai des collègues de travail de plusieurs origines ethniques, dont plusieurs Arabes. Personnellement, dans mon quotidien, je ne vois pas de problème et je ne comprends pas la pertinence de la démarche.
Voici quand même mes réflexions des dernières semaines à ce sujet.
On fait ça pour qui?
Comme je vous le disais, dans mon entourage immédiat, l’intégration des immigrants se fait bientôt bien. Quand le projet a été lancé, on a laissé sous-entendre que c’était pour régler un problème d’intégration à Montréal. Or, toute la classe politique montréalaise a fait front commun pour indiquer son opposition.
Tranquillement, il est devenu clair que l’objectif est d’en finir avec le port du voile, associé à la religion musulmane. Ça me pose deux problèmes que j’aimerais ajouter au débat.
Tranquillement, il est devenu clair que l’objectif est d’en finir avec le port du voile, associé à la religion musulmane. Ça me pose deux problèmes que j’aimerais ajouter au débat.
La mauvaise cible
Partons de l’hypothèse (à mon avis grandement exagérée) que toutes les femmes portant le voile sous ses différentes déclinaisons sont soumises d’une manière ou d’une autre aux dictats d’un homme en position d’autorité : imam, mari, grand frère, peu importe. Partons du principe que ces hommes ont une conception sexiste des rapports hommes/femmes, en opposition avec les principes québécois de liberté et de justice sociale. En bref, ces femmes sont toutes des victimes.
La meilleure solution pour éradiquer le problème est d’interdire le voile? Really? Vous ne trouvez pas qu’on punit les victimes plutôt que les bourreaux? Et par la bande, nous allons punir les pratiquants des autres religions? Si le problème vient des hommes, qu’on s’attaque à ce problème non? Si on force les prisonniers à enlever leurs uniformes rayés, en faisons-nous des hommes libres? Cette logique ne tient pas la route du tout.
La meilleure solution pour éradiquer le problème est d’interdire le voile? Really? Vous ne trouvez pas qu’on punit les victimes plutôt que les bourreaux? Et par la bande, nous allons punir les pratiquants des autres religions? Si le problème vient des hommes, qu’on s’attaque à ce problème non? Si on force les prisonniers à enlever leurs uniformes rayés, en faisons-nous des hommes libres? Cette logique ne tient pas la route du tout.
Pourquoi les faire entrer alors?
Gilbert Lavoie m’a devancé de quelques heures avec cet article, mais il apporte des chiffres que je n’avais pas.
Dans les dernières années, l’immigration québécoise a laissé entrer de nombreux africains du nord (Tunisie, Algérie, Maroc, etc.) et ce, pour d’excellentes raisons. En effet, la plupart sont francophones et bien scolarisés. En revanche (et ce n’est pas un défaut en soi), ils sont aussi pour la plupart musulmans. Bien que je sois convaincu que la plupart de ces immigrants ne demandent qu’à s’intégrer à la société québécoise, certains éléments plus « conservateurs » passent forcément dans les mailles du filet.
Il faut alors se poser la question, si les Québécois ne veulent pas de musulmans, ils devront faire d’autres compromis, comme de faire venir des gens qui ne parlent pas français. Alors, est-il préférable d’enseigner aux immigrants la langue française, ou l’égalité hommes/femmes? Plusieurs autres ethnies seraient ravies de s’installer ici…
En conclusion
Bien que je sois plutôt de confession apathéisme (je vais élaborer là-dessus très bientôt), mes nombreux voyages en Inde et le fait de côtoyer la communauté tibétaine m’ont fait réaliser qu’il est possible de s’épanouir à travers la religion.
Les Québécois ont vécu de nombreux abus par les institutions religieuses jusqu'à la révolution tranquille. Nous avons une désormais une aversion pour le fait religieux et nous prenons pour acquis que toutes les religions sont forcément mauvaises.
Les Québécois ont vécu de nombreux abus par les institutions religieuses jusqu'à la révolution tranquille. Nous avons une désormais une aversion pour le fait religieux et nous prenons pour acquis que toutes les religions sont forcément mauvaises.
Or, dans plusieurs cultures, la religion est importante et c'est faux que l'on peut pratiquer sa religion uniquement à la maison ou au temple. C'est se leurrer que de penser qu'avec nous charte nous allons forcer une révolution tranquille à chacun des immigrants qui s'installent ici. Nous évaluons mal les conséquences que cela pourrait avoir et il reste de nombreuses questions sans réponses :
- Si la loi s'applique au secteur de la santé, est-ce que les patients vont pouvoir porter des signes religieux?
- Qu'en est-il du prête ou autre ministre de culte qui viendra donner les derniers rites dans les hôpitaux ou les CHSLD?
Je vois difficilement comment nous pouvons respecter quelque chose que l’on ne connaît pas.